Archives de la catégorie ‘LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

LA FRANCE EST-ELLE LE PROCHAIN ETAT A FAIRE FAILLITE ?   Leave a comment

Moody’s prévoit des défis quant à leur notation pour les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, nous apprend le Wall Street Journal. Des défis donc mais pas de dégradation immédiate. Pauvre Cassandre. Elle avait prédit la chute de Troie, mais en vain, car personne ne l’avait jamais cru. Même avec les armées de Ménélas et d’Agamemnon sous les murailles de la cité.

Les Cassandres sont de moins en moins nombreux ces derniers temps. Il y a nous, bien entendu, mais aussi Nouriel Roubini, comme nous l’apprend Le Monde : « A Wall Street, l’économiste vedette Nouriel Roubini – l’un des rares à avoir vu venir la crise – se trouve affublé du surnom de ‘Dr Doom’ (Dr Fatalis), un personnage de « super-vilain » des comics de Marvel. De fait, M. Roubini n’annonce que très rarement des bonnes nouvelles aux Américains. »

« Cette semaine encore son cabinet d’experts, Roubini Global Economics (RGE), indique que ‘l’économie américaine va s’affaiblir’. Que les ménages vont rester déprimés. Bref, que la reprise attendue et espérée prendra inévitablement la forme d’un W et non d’un V. Et qu’elle entraînera ainsi toute l’économie mondiale dans une grande apathie. »

Moody’s se place clairement dans le camp des optimistes – ou des aveugles. A vrai dire, l’agence de notation n’a pas beaucoup de mérite : c’est elle qui fait les notations. Dans la suite de ce que nous vous disions hier dans la Quotidienne, le rapport publié par Moody’s démontre une fois de plus l’inutilité totale des agences de notation. Que le bon peuple se rassure, Moody’s accorde sa confiance aux quatre grands Etats dotés du fameux AAA.

Pour ne pas paraître complètement à côté de la plaque, Moody’s admet bien que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne vont être confrontés à la délicate nécessité de réduire leurs dépenses pour réduire les déficits et ne pas voir leur notation se faire dégrader.

Sans vouloir tomber dans le complot anglo-saxon à toutes les sauces, la conclusion de Moody’s nous laisse assez sceptique : parmi les quatre principaux Etats AAA, la France est celui qui a le plus de risque de se voir dégrader dans les années qui viennent… A MoneyWeek, nous aurions mis notre main à couper que les Etats-Unis auraient dû se voir décerner ce prix peu envié – d’autant plus que le pays accumule déficit record sur déficit record.

Mais après tout, la France sera peut-être le prochain à faire faillite…

Voici ce qu’en dit Philippe Béchade dans La Chronique Agora : « Le service de notre dette nous coûte actuellement 3,1 points de PIB : c’est peut-être beaucoup mais cela pourrait être bien pire… et Fitch ou Moody’s n’auront pas manqué de relever que ce taux est déjà deux fois plus élevé que la croissance attendue en 2010 dans l’Hexagone (1,5% à 1,6%).

« Autrement dit, à moins d’alourdir sensiblement la pression fiscale et de diminuer fortement les dépenses sociales (comme en Grèce ou en Espagne), la situation budgétaire française va continuer de se détériorer d’ici la fin de l’année

« . Vous êtes prévenu !

Publié 17 mars 2010 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Israël pointe des têtes nucléaires vers l’Europe   Leave a comment

 

La septième chaine israélienne a diffusé un entretien exceptionnel avec le professeur Martin Van-Crevel, spécialiste mondial de référence des guerres de basse intensité. Le professeur émérite de l’Université hébraïque de Jérusalem y a développé publiquement les propos qu’il tient depuis une dizaine d’années dans les cénacles fermés des académies militaires israéliennes et états-uniennes.

Selon lui, la continuation sur une longue période de la guérilla palestinienne aboutira inévitablement à l’effondrement de l’Etat d’Israël. C’est pourquoi, à terme, Tel-Aviv n’a d’autre choix que de « transférer » les arabes Israéliens et les Palestiniens apatrides hors de frontières sûres (c’est-à-dire non seulement hors des frontières de 1948, mais aussi des territoires occupés depuis 1967 et idéalement de Cisjordanie et de la bande de Gaza). Dans la cas où les Européens s’opposeraient à une telle déportation, Tel-Aviv n’aura d’autre choix pour survivre que de détruire des capitales européennes sous le feu atomique, étant entendu que les Européens ne pourront pas riposter sans tuer leurs amis Palestiniens.

L’auteur de The Transformation of War [1] a insisté en soulignant que, d’ores et déjà, des têtes nucléaires israéliennes sont pointées vers Rome et d’autres capitales européennes pour rendre la menace crédible et le « transfert » des Palestiniens possible.

Le professeur Martin Van-Crevel aime à se référer à la devise du général Moshe Dayan, dont il est le biographe officiel : « Israël doit toujours apparaître comme un chien enragé, trop dangereux pour les autres »

 

[1] Version française : La Transformation de la guerre (Editions du Rocher, 1998).

Martin Van-Crevel avait déjà dit exactement la même chose dans un interview, l’an dernier.

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Publié 17 mars 2010 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Programme politique   1 comment

Quelques mesures au-delà des idéologies et des clivages droite-gauche pour des partis politiques en panne d’idées et qui souhaiteraient réellement résoudre les problèmes, au service de l’intérêt général.

Economie

Equilibrer la mondialisation, lutter contre les délocalisations, inciter les entreprises à des comportements plus "éthiques"

– Restaurer les protections douanières, seul moyen efficace pour lutter contre les délocalisations, en instaurant des droits de douane proportionnels aux différences de conditions sociales et environnementales.

– Fiscaliser les charges sociales afin qu’elles cessent d’être un frein à l’emploi et à l’augmentation des salaires. Les charges sociales doivent être proportionnelles au chiffre d’affaire des sociétés au lieu de leur masse salariale.

– Obliger les entreprises qui délocalisent à rembourser les subventions ou les allègements de charges qu’elles ont perçues pendant les 10 années qui précèdent la délocalisation.

– Supprimer les subventions aux entreprises sans contreparties en faveur de l’emploi.

– Loi pour limiter les écarts de salaires (pour restaurer le sentiment de justice, la confiance, et la motivation des salariés). Un écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et le plus élevé est un maximum. Actuellement, cet écart est de 1 à 200.
Un écart de 1 à 10 serait optimal pour un bon équilibre social et pour limiter l’inflation alimentée par l’excès de richesse des riches.

– Création d’un label officiel "d’entreprise éthique" ou "d’entreprise citoyenne", que les entreprises pourraient apposer sur leurs produits ou dans leurs publicités. Le lancement du label devra être soutenu par une importante campagne de communication dans les médias, afin de rendre le label populaire, et donc déterminant pour les ventes des entreprises.

– Loi sur l’étiquetage des produits qui rendrait obligatoire la mention d’informations sociales, en mentionnant le profit réalisé par l’entreprise, les emplois créés ou supprimés durant les cinq dernières années, la part d’utilisation de main d’œuvre sous-payée ou sans protection sociale, et l’écart entre les plus hauts salaires et les plus bas salaires dans l’entreprise.

– Réforme globale de la fiscalité des entreprises pour favoriser les activités positives et non-préjudiciables pour l’intérêt général.

Réformer l’état et assainir les finances publiques

– Assainir le budget de la Sécurité Sociale par une politique de prévention des maladies
(élimination des polluants et agents chimiques de l’alimentation industrielle, promotion d’une alimentation saine, de l’agriculture biologique et des circuits de distribution Bio).
Lutter contre les dépenses médicales inutiles voire nuisibles (prescriptions de médicaments inutiles, dangereux, ou en excès, au grand bénéfice des firmes pharmaceutiques – interventions chirurgicales abusives, séjours à l’hôpital pouvant être remplacés par une hospitalisation à domicile, etc.)

– Alléger le train de vie de l’état et mettre fin à la corruption généralisée sur les marchés publics. Réduire les dépenses fastueuses ou protocolaires, le luxe des appartements de fonction, les flottes de voitures avec chauffeurs des administrations, préfectures et ministères. Supprimer les administrations et "commissions" inutiles et dont la principale fonction est de permettre aux hommes politiques de caser des "amis" au frais de l’état. Restaurer un contrôle de l’état sur l’utilité réelle des travaux publics décidés par les régions, les départements et les communes.

– Réduire le nombre de fonctionnaires (par non-remplacement des départs en retraites) en augmentant la productivité de l’administration, et simultanément, garantir le maintien des services publics. Augmenter par contre le nombre d’enseignants et le personnel hospitalier.

– Utiliser les excédents budgétaires éventuels pour réduire l’endettement de l’état.

Améliorer la situation économique des "citoyens ordinaires"

– Rétablir un contrôle des prix dans les secteurs du logement et de l’alimentation pour restaurer des niveaux de prix normaux par rapport aux salaires. Imposer une baisse des prix à ces deux secteurs, principaux responsables d’un appauvrissement sans précédent des citoyens ordinaires.
Pour restaurer le pouvoir d’achat, la meilleure solution est de baisser les prix, plutôt que d’augmenter les salaires et d’encourager ainsi les délocalisations et l’inflation.

– Indexer le prix des loyers et des produits de base sur les salaires.

– Interdire la spéculation boursière sur l’immobilier, les matières premières et les produits agricoles.

– Interdiction des biocarburants, pour mettre fin à l’envolée des prix agricoles.

– Déclarer "priorité nationale" non pas la sécurité routière mais la réduction radicale du nombre de chômeurs ou précaires, et réduire à zéro le nombre de SDF.

– Construction massive de logements par l’état afin de faire revenir les prix immobiliers à un niveau raisonnable (compatible avec le niveau moyen des salaires), en rétablissant un équilibre entre l’offre et la demande de logements.

– Créer un fond de garantie de l’état pour couvrir les impayés de loyer et inciter ainsi les propriétaires à louer les logements vacants, en leur permettant également d’exiger moins de garanties de la part des locataires, ces garanties étant un facteur d’exclusion dans un contexte de précarisation des emplois.

– Instituer un revenu minimum inconditionnel et une couverture-maladie universelle et sans flicage administratif en contrepartie. L’idéal serait d’instaurer ce revenu minimum au niveau mondial en le finançant par une taxe sur les transactions financières (taxe Tobin).

– Encourager l’augmentation des salaires par la limitation de 1 à 20 de l’écart entre le salaire le plus élevé et le plus bas dans une entreprise. Ainsi, les patrons seraient contraints d’augmenter le salaire de leurs salariés pour pouvoir augmenter leur propre salaire (et satisfaire leur avidité insatiable).

– Interdiction aux entreprises d’utiliser des stagiaires non-rémunérés lorsque ceux-ci effectuent un travail similaire à celui d’un salarié. Tout travail doit être rémunéré, en respectant le salaire horaire minimum prévu par la loi. En conséquence, un stage non-rémunéré ne doit être possible qu’en l’absence de charge de travail et de contraintes pour le temps de présence.

Favoriser l’emploi, l’innovation, et l’utilisation des talents

– Favoriser l’accès à la formation permanente. Créer des universités de formation permanente, ouvertes à tous et à tout âge, pour permettre l’acquisition de connaissances et de compétences tout au long de la vie.

– Simplification administrative drastique pour la création d’entreprises. Permettre la création d’entreprise en une journée et avec un seul formulaire, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

– Dispenser totalement de charges sociales et d’impôts les nouvelles entreprises pendant leur première année d’existence, et accorder une exemption de 50% pendant la 2è année.

– Assouplir les possibilités de licenciement pour les entreprises, mais seulement en cas de difficultés et non pour délocaliser ou augmenter les profits. En contrepartie, augmenter la protection sociale en cas de licenciement (augmentation du montant et de la durée des allocations-chômage)

– Supprimer l’ensemble des contrats précaires ("CDD" et autres) et faire respecter les lois qui limitent l’utilisation de l’intérim.

– Limitation en pourcentage des profits que les entreprises peuvent distribuer à leurs actionnaires, afin que ces profits soient davantage utilisés pour l’investissement. Actuellement, à cause de l’avidité croissante des actionnaires (souvent des fonds d’investissement), les entreprises consacrent une part de plus en plus réduite de leurs profits à l’investissement et la recherche.

– Orientation des subventions vers les PME plutôt que vers les grandes entreprises (qui sont les premières à délocaliser).

– Aide aux PME et aux citoyens pour la recherche et l’innovation, avec une prise en charge par l’état des frais de dépôt de brevets.

– Encourager le développement de circuits économiques alternatifs et l’économie de proximité.
Les exclus du système économique classique demeurent des producteurs-consommateurs potentiels. Or leurs besoins ne sont pas satisfaits et leur capacité de travail n’est pas utilisée. La solution est de développer un second circuit économique capable de répondre à ces besoins et donner l’occasion à chacun d’apporter ses compétences et son savoir faire à la société.

Démocratie et Gouvernance

– Instaurer une démocratie participative en facilitant la remontée des informations des citoyens vers le pouvoir (boites à idées, cahiers de doléances, médiateurs…)

– Appliquer les principes d’une "politique cybernétique"

– Communication: traiter les citoyens en adultes. Plutôt que des formules ronflantes et des grands mots creux, leur dire exactement ce que le gouvernement va faire, pourquoi, comment, pour quels résultats escomptés.

– Ramener la durée du mandat des députés à 3 ans, et idéalement à 1 an. Les élections doivent avoir lieu plus souvent, car l’évolution du monde et de la société est beaucoup plus rapide que dans le passé. Un pouvoir élu pour une durée trop longue donne le sentiment aux gouvernants qu’ils peuvent gouverner impunément contre l’intérêt général et les aspirations du peuple.

– Le programme électoral des élus politiques doit tenir lieu de contrat avec les électeurs. En cas de trahison de ce programme, le gouvernement doit être destitué et de nouvelles élections doivent être organisées.
Les élections et la démocratie ne retrouveront un sens que lorsque les électeurs sauront précisément pour quel programme ils votent, au lieu de donner des chèques en blanc à des dirigeants corrompus qui se hâtent de servir des
intérêts particuliers sitôt élus.

– Le dévoiement du pouvoir politique par les élites économiques rend nécessaire de proclamer la séparation de l’Entreprise et de l’Etat, en rendant illégaux le lobbying et l’appartenance des agents de l’état à des entreprises ou à leurs réseaux et organisations occultes.

– Permettre aux citoyens de décider d’une partie du budget de l’état, en indiquant sur leur déclaration d’impôt la répartition qu’ils souhaitent entre les ministères, selon les projets proposés par ces derniers. Chaque année, le Parlement voterait dans un premier temps un budget portant sur 80% des dépenses, les 20 % restants étant ensuite attribués par les citoyens, leur permettant de rééquilibrer les décisions de leurs responsables politiques.

Droits de l’homme et Justice

 



Juge du procès d’Outreau qui a abouti à l’acquittement de 12 innocents dont la vie a été détruite par 2 années de détention préventive

– Renoncement à la biométrie, à INES (la carte d’identité biométrique française), et à la vidéosurveillance hors des lieux sensibles (aéroports, gares, métro, centres commerciaux)

– Suppression des lois Perben et Sarkozy

– Supprimer les peines de prison pour des infractions routières, et plus généralement, mettre fin à la "criminalisation du citoyen ordinaire"

– Suppression des radars automatiques et arrêt de la répression hystérique contre les automobilistes

– Répression plus sévère des violences policières (BAC, bavures, utilisation injustifiée des flash-balls ou des pistolets électriques paralysants). Instaurer un code de bonne conduite pour les policiers et les juges.

– Constitutionnaliser le droit à disposer de son corps, ce qui inclut l’avortement, l’euthanasie, le droit à refuser les implants, ou droit d’absorber les substances de son choix (y compris des drogues, le rôle de l’état n’étant pas de protéger les individus contre eux-mêmes mais seulement de les empêcher de nuire à autrui)

– Restaurer le caractère exceptionnel de la détention préventive, dont l’utilisation systématique en France constitue une grave atteinte aux droits de l’homme, dès lors qu’une personne peut être emprisonnée pendant des années sans jugement.

– Restaurer des conditions de détentions décentes dans les prisons. Mettre fin à la surpopulation carcérale grâce à la fin des détentions préventives systématiques et par la légalisation des drogues douces. Actuellement, un tiers des prisonniers sont en détention préventive, et un autre tiers est condamné (ou en attente de jugement) pour des affaires liées à l’interdiction du cannabis.
Ces mesures permettraient de diviser par 2 le taux d’occupation des prisons, et de désengorger considérablement les tribunaux.

– Accélérer la Justice. Fixer une durée maximum de 6 mois pour le traitement d’un dossier. En cas de dépassement de ce délai à cause de difficultés dans l’instruction, l’administration judiciaire devra démontrer qu’un nombre suffisant de ses agents travaillent sur le dossier.

– Prise en charge des frais de justice pour les personnes à revenu modeste, afin que le coût du recours à la justice ne soit plus dissuasif pour faire respecter ses droits.

– Interdiction pour les entreprises de recueillir, d’utiliser ou vendre des informations génétiques personnelles (notamment pour le fichage génétique des salariés, ou pour déterminer des critères d’embauche). Interdiction pour les entreprises de commercialiser ou d’échanger des fichiers de données sur les personnes.

– Interdiction des puces RFID et des implants.

Environnement

– Augmenter massivement les investissements publics et encourager les investissements privés pour la recherche et le développement de nouvelles sources d’énergies alternatives au pétrole.

– Loi sur l’étiquetage des produits qui rendrait obligatoire la mention d’informations écologiques, en mentionnant les pollutions et les destructions de l’environnement engendrées par la fabrication du produit, ainsi que la quantité de combustibles fossiles nécessaires à sa fabrication.

– Promouvoir un plan mondial pour une reforestation massive, afin de réduire le CO2 en excès dans l’atmosphère (le CO2 étant capturé par les arbres et fixé dans leur bois)

– Interdiction de la culture et de la commercialisation des OGM

– Interdiction des dépôts de brevets sur les espèces vivantes et sur le génome humain

– Interdiction du clonage et des hybrides (mélange de gènes animaux d’espèces différentes, ou de gènes animaux avec des gènes végétaux)

– Encouragement de l’agriculture "bio" et de ses réseaux de distribution par des subventions et des allègements fiscaux

– Instaurer une taxe sur les pollutions industrielles et agricoles.

– Réforme globale de la fiscalité des entreprises en la rendant proportionnelle aux nuisances écologiques.

– Taxe sur les voitures les plus polluantes. Cancérigènes et bruyants en plus d’être polluants, les diesels doivent être progressivement éliminés par la taxe sur la pollution et par un prix au litre supérieur à celui de l’essence.

– Réduction du trafic des poids-lourds par un développement massif du ferroutage

– Renforcement de la protection des paysages et des sites naturels.

– Limitation de l’urbanisation inutile, notamment en éradiquant la corruption qui encourage le bétonnage du fait des commissions occultes sur les marchés publics ou les permis de construire accordés aux promoteurs immobiliers.

Sécurité

– Taxe sur la violence à la TV. Taxer chaque scène de meurtre, torture, viol, etc… proportionnellement aux peines prévues pour ces actes dans le code pénal, et en pourcentage des recettes publicitaires de la chaîne concernée.
En France, un enfant de 14 ans a vu en moyenne depuis sa naissance 18.000 meurtres à la télévision. La forte augmentation des violences graves chez les 8-14 ans, constatée actuellement dans tous les pays occidentaux, ne doit pas être considérée comme surprenante. Elle évolue au même rythme que l’utilisation de la violence par la télévision dans sa course à l’audience. Elle ne peut être imputée aux seules conditions sociales, car elle intervient à un âge de plus en plus précoce, auquel les pulsions criminogènes n’existent normalement pas encore.

– Taxe sur la violence dans les jeux vidéo

– Faire en sorte que l’état, les dirigeants politiques, et les entreprises donnent l’exemple pour le respect de la vie humaine et le respect de la loi.

– Supprimer l’exemption de peines de prison pour les mineurs délinquants. Pour éviter le contact avec un milieu carcéral criminogène, les mineurs condamnés doivent être placés dans des centres de détention réservés aux mineurs.

– Réprimer moins sévèrement les délits sans dommage direct à autrui, mais beaucoup plus sévèrement les crimes et délits avec violence. Instaurer la prison à perpétuité pour les actes de barbarie, l’individu qui les commet n’étant pas digne d’être considéré comme appartenant à l’espèce humaine.

Politique étrangère

– Supprimer la dette des pays du Tiers Monde qui accepteraient de signer une "Charte pour le 21è siècle", un Pacte Mondial de coopération portant sur:

– Le respect des droits de l’homme
et de la démocratie
– La limitation de la part des dépenses d’armement des états à un certain pourcentage des dépenses pour l’éducation, la culture, le social.
– Le respect de l’environnement, la protection des espaces naturel vitaux pour la planète (qui appartiennent à ce titre au patrimoine commun de l’humanité).

– Echanger la dette des pays du Tiers monde contre l’établissement de
réserves écologiques protégées.

– Conditionner les aides économiques au respect des droits de l’homme et de l’environnement

– Réorienter la politique du FMI et de la Banque Mondiale vers le développement durable et la préservation des richesses environnementales.

Note : Un "programme politique" doit être réalisable dès maintenant, et doit avoir la capacité de susciter un consensus dans l’opinion. C’est pourquoi ce programme ne va pas aussi loin qu’une utopie, il est simplement un premier pas possible vers cette utopie…

Publié 6 Mai 2009 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

ORGANISATIONS DES MAITRES DU MONDE   Leave a comment

Le Groupe de Bilderberg

 

La première réunion du Groupe de Bilderberg, à Oosterbeck en 1954

 

Le Groupe de Bilderberg a été fondé par en 1954 à l’Hôtel Bilderberg à Osterbeek à l’invitation du Prince Bernhard des Pays-Bas, co-fondateur du Groupe avec David Rockefeller.

Le Groupe de Bilderberg est sans doute le plus puissant des réseaux d’influence. Il rassemble des personnalités de tous les pays, leaders de la politique, de l’économie, de la finance, des médias, des responsables de l’armée ou des services secrets, ainsi que quelques scientifiques et universitaires.

Très structuré, le Groupe de Bilderberg est organisé en 3 cercles successifs.
Le "cercle extérieur" est assez large et comprend 80% des participants aux réunions. Les membres de ce cercle ne connaissent qu’une partie des stratégies et des buts réels de l’organisation.
Le deuxième cercle, beaucoup plus fermé, est le Steering Committee (Comité de Direction). Il est constitué d’environ 35 membres, exclusivement européens et américains. Ils connaissent à 90% les objectifs et stratégies du Groupe. Les membres américains sont également membres du CFR.
Le cercle le plus central est le Bilderberg Advisory Committee (Comité consultatif). Il comprend une dizaine de membres, les seuls à connaître intégralement les stratégies et les buts réels de l’organisation.

Pour ceux qui enquêtent sur les réseaux de pouvoir, le Groupe de Bilderberg est un véritable gouvernement mondial occulte. Au cours de ses réunions, des décisions stratégiques essentielles y sont prises, hors des institutions démocratiques où ces débats devraient normalement avoir lieu. Les orientations stratégiques décidées par le Groupe de Bilderberg peuvent concerner le début d’une guerre, l’initiation d’une crise économique ou au contraire d’une phase de croissance, les fluctuations monétaires ou boursières majeures, les alternances politiques dans les "démocraties", les politiques sociales, ou encore la gestion démographique de la planète. Ces orientations conditionnent ensuite les décisions des institutions subalternes comme le G8 ou les gouvernements des états.

Les membres du Groupe de Bilderberg s’appellent eux-mêmes les "Bilderbergers". Ils sont choisis uniquement par cooptation. Le Groupe de Bilderberg se réunit une fois par an pendant environ 4 jours. Les réunions ont lieu chaque année au printemps dans une ville différente, mais toujours dans des châteaux ou des hôtels luxueux, entourés d’un parc ou situés en pleine nature, et si possible équipés d’un golf. Les réunions sont protégées par plusieurs centaines de policiers, militaires, et membres des services spéciaux du pays d’accueil. Si la réunion a lieu dans un hôtel, celui-ci est vidé de ses occupants une semaine avant l’arrivée des Bilderbergers. Les invités sont déposés par un ballet d’hélicoptères noirs et par des limousines aux vitres fumées avec la lettre "B" sur le parre-brise.

Les discussions se tiennent à huis-clos. Quelques journalistes dévoués à la "pensée unique" peuvent être parfois présent, mais rien ne doit filtrer des discussions. Il est interdit de prendre des notes ou de faire des déclarations à la presse. Mais quelques photographes arrivent parfois à prendre des photos à l’extérieur, au moment de l’arrivée des invités.

La réunion 2004 du Groupe de Bilderberg s’est déroulée du 3 au 6 Juin (juste avant la réunion du G8) à Stresa dans le nord de l’Italie près de la frontière suisse, dans un palace sur les rives du Lac Majeur, le "Grand Hotel des Iles Borromées".

En 2003, la réunion avait lieu en France du 15 au 18 Mai, au château de Versailles qui a été fermé au public pendant une semaine.

Pour vous mettre dans l’ambiance, voici quelques images de l’évènement…

Pour vous mettre dans l’ambiance, voici quelques images de l’évènement

Contrôles policier aux abords du château

Un agent de "sécurité rapprochée" et la pancarte d’interdiction d’accès

Arrivée de David Rockefeller, co-fondateur du Groupe de Bilderberg.

Le ballet des invités et de leurs limousines aux vitres fumées…

on reconnaît ci-dessus la Reine d’Espagne et Richard Perle
(l’ex-conseiller de Bush et l’un des inspirateurs de la guerre en Irak)

Il y avait aussi un petit train pour promener les distingués invités dans le parc du château…

à gauche, la reine Beatrix des Pays-Bas

à gauche, Willy Claes, ancien secrétaire général de l’OTAN



Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne
et ancien gouverneur de la Banque de France

La première réunion du Groupe de Bilderberg, à Oosterbeck en …

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La liste et les lieux est bien trop longue, je ne la met pas…

Publié 4 Mai 2009 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

MOÏSE ÉTAIT UN SORCIER YAKI, SHOOTÉ AUX PLANTES HALLUCINOGÈNES   2 comments

Un chercheur israélien affirme que les Hébreux, à l’époque de Moïse, consommaient régulièrement des plantes hallucinogènes lors de leurs rites religieux.

De leur part  c’ est ça j’ y crois, Si si___>>> Mais éclatez vous bien en lisant… Tout est naturel… Je vais allez à l’ église tous les jours et redemander la baptême … Je veux de cette huile d’ onction… Peace and cool mes amis (es)…   Liberté de la légalité afin d’ être tous fraternel… ____________________=  Vive le plane=____________!

 

Et si la révélation par Dieu des 10 Commandements sur le Mont Sinaï, n’était que le fruit des hallucinations de Moïse, causées par l’usage répété de psychotropes ? C’est la théorie provocatrice que défend Benny Shanon dans la revue philosophique «Time and Mind». Ce professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem soutient que les Hébreux, au temps de «l’existence» supposée de Moïse, utilisaient régulièrement des plantes hallucinogènes lors de leurs rites religieux.

Les «voix, les flamboiements, la voix du cor et la montagne fumante» que les Hébreux aperçoivent, d’après la Bible (Livre de l’Exode), alors qu’ils campent autour du Mont Sinaï, ont rappelé au chercheur, ses propres expériences hallucinatoires en Amazonie après absorption d’ayahuasca, un breuvage à base de lianes que boivent les chamanes d’Amérique latine. «Avec l’ayahuasca, j’ai éprouvé des visions religieuses et spirituelles» souligne le professeur qui a consommé plus d’une centaine de fois la décoction. La transmission divine à Moïse des tables de la Loi serait donc, estime-t-il, le fruit d’une hallucination collective.

«Lors de l’épisode du Mont Sinaï, le Livre de l’Exode mentionne que les Israélites perçoivent des sons, C’est un phénomène très classique dans la tradition de l’Amérique latine où l’on «voit» de la musique» fait remarquer Benny Shanon qui rappelle que depuis plus de 20 ans, des hypothèses lient l’apparition des religions avec l’usage de substances psychotropes. Or dans les déserts du Néguev et du Sinaï, poussent deux plantes hallucinogènes, le Harmal, toujours utilisée par les Bédouins, et l’écorce d’acacia qui provoquent les mêmes effets psychédéliques que ceux engendrés par l’ayahuasca.

L’acacia est un arbre fréquemment cité par la Bible. Son bois a été probablement utilisée dans la construction de l’Arche d’Alliance, insiste le professeur. Pour ce dernier, un autre épisode fameux de l’Ancien Testament relèverait de la consommation de stupéfiants : le Buisson Ardent. «Moïse crut que le buisson n’était pas réduit en cendre par le feu, car sa perception du temps était altérée par la prise de psychotropes qui l’ont aussi persuadé qu’il parlait à Dieu». Toutefois, le berger, si on admet son existence, reste pour Benny Shanon un personnage exceptionnel : «Toute personne qui consomme des plantes hallucinogènes n’est pas capable de vous ramener la Torah, pour cela vous devez être Moïse».

 

JESUS ETAIT UN HIPPIE FUMEUR DE PETARDS – C’EST PROUVE !

 

On avait déjà Moïse qui se shootait a l’écorce d’acacia, maintenant Jésus qui s’enduisait à l’huile de ganja… tu vas voir qu’on va bientôt nous dire que Mahomet se fumait un one tous les matins sous tente tandis que Buddha se faisait des rails de coke (ou fumait les fleurs de Lotus)…

Mise à jour : il paraît que cette info est fabriquée de toutes pièces par la synarchie cosmopolite (George Soros pour résumer) qui complote en secret pour pervertir notre jeunesse… (on va encore se faire taper par la police de la pensée parcequ’on cite des sites Internet pas corrects).

Jésus consommait bien du cannabis…

Jésus était vraisemblablement un consommateur de cannabis et l’un des premiers hommes à vanter les vertus médicinales de cette drogue. Il semblerait même que lui et ses disciples s’en soient servis pour opérer leurs guérisons miraculeuses.

Selon un article de Chris Bennett paru dans le magazine spécialisé High Times sous le titre “Was Jesus a stoner ?” (Est-ce que Jésus se camait ?), l’huile d’onction qu’ils utilisaient contenait une substance appelée kaneh-bosem, qui a été identifiée comme un extrait de cannabis. L’encens employé par le Christ lors des cérémonies renfermait lui aussi un extrait de cannabis, poursuit Bennett en citant des universitaires à l’appui de sa thèse.

“Le cannabis a sans aucun doute joué un rôle dans la religion judaïque”, déclare Carl Ruck, professeur de mythologie classique à l’université de Boston. A propos de sa présence dans les huiles d’onction, il ajoute : “Compte tenu des possibilités d’accès au cannabis et de sa longue tradition dans le judaïsme de l’époque […], c’est une substance qui ne pouvait qu’être présente dans les mélanges [chrétiens].” Bennett écrit que les individus oints des huiles utilisées par Jésus “baignaient littéralement dans cette puissante mixture. […] Bien que la plupart des gens préfèrent aujourd’hui le fumer ou l’ingérer, le cannabis peut être aussi absorbé par la peau quand ses substances actives sont introduites dans un composant huileux.”

Citant le Nouveau Testament, Bennett écrit que Jésus enduisait d’huile ses disciples et les invitait à en faire autant avec les autres fidèles, ce qui pourrait expliquer les guérisons des maladies des yeux et de la peau mentionnées dans les Evangiles. “Si le cannabis était l’une des principales substances de l’ancienne huile d’onction […] et s’il a permis à Jésus de devenir le Christ et à ses disciples de devenir les chrétiens, alors on pourrait considérer la persécution des consommateurs de cannabis comme contraire au christianisme”, conclut Bennett.

Publié 10 mars 2008 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Le message de Ben Laden   Leave a comment

http://video.google.com/googleplayer.swf?docId=-2259416342899056680&hl=en

Le message de Ben Laden

8 septembre 2007

Le monde selon Ben Laden est traversé par une lutte impitoyable entre deux systèmes. D’un coté le capitalisme – selon lui, le véritable terrorisme – qui par avidité provoque les guerres et le réchauffement climatique menant l’humanité à sa perte.

De l’autre l’Islam, ordre indépassable car soumission au maitre et créateur de toutes choses, bienveillant envers les chrétiens et les juifs, à la différence de l’occident qui lui, porte la responsablité de l’holocauste.

En un curieux mélange d’analyse marxiste et de théologie moyen-âgeuse, citant Chomsky et sans le nommer, Emmanuel Todd, il prédit à l’empire américain la même fin que l’Union Soviétique, fait l’analogie entre Bush et Brejnev, et appelle au renversement du capitalisme et à la soumission à l’Islam, seuls moyens de sauver l’espèce des menaces que les démocraties – manipulées par le pouvoir économique, dit-il – ne parviennent pas à combattre.

Traduction du message video d’Oussama Ben Laden diffusé le 8 septembre, réalisée à partir de la transcription anglaise fournie par le Département de la Sécurité Intérieure. Nb : la traduction porte sur de très larges extraits, qui nous ont semblés les plus significatifs. Les lecteurs se reporteront à la version anglaise pour les passages non traduits.

Message du cheikh Oussama Ben Laden au peuple américain

(…) [Ben Laden rend grâce à Allah]

  

Peuple d’Amérique, je vais vous parler de sujets importants qui vous concernent, donc prêtez moi l’oreille. Je commencerai en discutant de la guerre qui a lieu entre nous et par quelques une des répercussions qu’elle a pour vous et nous.

En introduction je dis : bien que l’Amérique soit la plus grande puissance économique et possède également l’arsenal militaire le plus puissant et moderne, bien qu’elle dépense pour son armée et la guerre plus que ce que le monde entier dépense pour les armées, et bien qu’elle soit la nation la plus importante pour influencer les politiques dans le monde, comme si elle avait un monopole sur un injuste droit de veto ; et bien en dépit de tout cela, 19 jeunes hommes ont été capables de changer la direction de la boussole – par la grâce d’Allah, le plus Grand. Et de fait, la question des moujahidines est devenue un sujet incontournable dans les discours de vos dirigeants, et les conséquences et les manifestations de ceci sont visibles.

Depuis le 11 septembre, nombre de politiques américaines ont été influencées par les moujahidines, et ceci par la grâce d’Allah. Le résultat en a été que les gens ont découvert la vérité au sujet de l’Amérique, que sa réputation s’est ternie, que son prestige mondial a été détruit et qu’elle a été saignée à blanc économiquement, même si nos intérêts recouvrent ceux des plus grandes entreprises et également ceux des néoconservateurs, bien que nos objectifs diffèrent.

En ce qui concerne vos média, durant les premières années de la guerre, ils ont perdu leur crédibilité et se sont montrés les instruments des empires colonialistes, et leur situation a souvent été pire que celle des médias des régimes dictatoriaux qui marchent en caravane derrière un seul dirigeant.

(…)

L’un des éléments les plus importants dans les discours de Bush depuis les évènements du 11 septembre, c’est l’affirmation que les américains n’ont pas d’autres options que de continuer la guerre. Ce thème fait écho aux discours des néoconservateurs comme Cheney, Rumsfeld et Richard Pearle, ce dernier ayant déclaré précédemment que les américains n’ont d’autres choix en face d’eux que de continuer la guerre ou de faire face à un holocauste.

Je dis, en réfutation de cette déclaration injuste, que la moralité [1] et la culture de l’holocauste sont votre culture, pas notre culture. De fait, brûler des êtres vivants est interdit par notre religion, même s’ils sont aussi petits que des fourmis, alors quand il s’agit d’hommes ! L’holocauste des juifs a été accompli par vos frères, au cœur de l’Europe, mais s’ils avaient été plus proches de nos pays la plupart des juifs auraient été sauvés en trouvant refuge chez nous. Et ma preuve, à l’appui de ceci, tient au fait que lorsque vos frères, les espagnols, ont établi l’horrible inquisition contre les musulmans et les juifs, les juifs n’ont pu trouver d’abri sûr qu’en cherchant refuge dans nos pays. C’est pourquoi la communauté juive au Maroc aujourd’hui est l’une des plus nombreuse au monde. (….)

Vos frères chrétiens vivent également parmi nous depuis 14 siècles ; rien qu’ en Egypte , il y a des millions de chrétiens que nous n’avons pas brûlés et que nous ne brûlerons pas. Mais le fait est qu’une campagne continuelle et partiale a été menée contre nous depuis longtemps par vos politiciens et nombre de vos auteurs, à travers les mass-média, et tout spécialement Hollywood, visant à caricaturer l’Islam et ses fidèles pour vous éloigner de la vraie religion. Les génocides de peuples et leurs holocaustes ont eu lieu parmi vous ; seuls quelques indiens [d’Amérique] ont été épargnés et il y a quelques jours les japonais commémoraient le 62ème anniversaire de la destruction d’Hiroshima et Nagasaki par vos armes nucléaires.

L’un des éléments qui retiennent l’attention de ceux qui observent les répercussions de votre guerre injuste en Irak, c’est la faillite de votre système démocratique, malgré ses slogans affichés de justice, liberté, égalité et d’humanitarisme. Non seulement il a échoué a accomplir cela, mais il a également détruit ces concepts – et d’autres – par les armes, de manière honteuse, en particulier en Irak et en Afghanistan, en leur substituant la peur, la destruction, le meurtre, la faim, la maladie, le déplacement [de réfugiés] et plus d’un million d’orphelins, rien qu’a Bagdad, sans parler de centaines de milliers de veuves. Les statistiques américaines mentionnent la mort de 650 000 personnes en Irak à cause de la guerre et de ses répercussions.

Peuple d’Amérique, le monde est à l’écoute des informations [en provenance des USA] au sujet de votre invasion de l’Irak, car les gens ont appris récemment qu’après plusieurs années de tragédies dans cette guerre, la grande majorité parmi vous voulait qu’elle prenne fin. Vous avez donc élu le Parti Démocrate pour ce faire, mais les Démocrates n’ont effectué aucun changement qui vaille la peine d’être mentionné. Au contraire, ils continuent à donner leur accord pour dépenser des dizaines de milliards pour continuer les meurtres et la guerre ici, ce qui a affligé et déçu une grande majorité parmi vous.

Nous voici au cœur de la question, et chacun devrait prendre le temps de réfléchir et de penser. Pourquoi les Démocrates ont-ils failli à arrêter cette guerre, bien qu’ils soient la majorité ?

Je répondrai plus tard à cette question, après en avoir soulevé une autre :

Pourquoi les dirigeants de la Maison Blanche sont-ils désireux de déclancher et mener des guerres de part le monde, et utilisent toutes les occasions possibles pour atteindre ce but, créant même par moment des justifications bâties sur des mensonges comme vous l’avez vu pour l’Irak ?

Durant la guerre du Vietnam les dirigeants de la Maison Blanche affirmaient à l’époque qu’elle était nécessaire et cruciale, et pendant cette guerre Rusmfeld et ses aides assassinèrent deux millions de villageois. Lorsque Kennedy devint président et dévia de la ligne politique dessinée pour la Maison Blanche, et voulut arrêter cette guerre injuste, cela fâcha les propriétaires des grandes firmes qui bénéficiaient de la poursuite de la guerre.

Donc Kennedy fut assassiné. Al Qaida n’existait pas à l’époque, mais il y avait ces entreprises qui furent les premiers bénéficiaires de ce meurtre. La guerre a continué ensuite durant approximativement une décennie. Ensuite, lorsqu’il devint clair que pour vous que c’ était une guerre injuste et non nécessaire, vous avez fait l’une de vos plus grandes erreurs, en ceci que vous n’avez jamais demandé de comptes ou punis ceux qui avaient mené cette guerre, même au plus grand de ses meurtriers, Rumsfeld. Plus incroyable encore, Bush l’a choisi comme Secrétaire à la Défense pour son premier mandat, après avoir choisi Cheney pour Vice Président, Powell comme Secrétaire d’Etat, et Armitage comme adjoint à Powell, en dépit de leur passé horrible et sanguinaire de meurtre. C’était donc un signal clair montrant que ce gouvernement – le gouvernement des généraux – n’avait pas pour souci premier de servir l’humanité mais était plutôt préoccupé de provoquer de nouveaux massacres. Malgré cela, vous avez permis à Bush de terminer son premier mandat, et plus étrange encore, l’avez choisi pour un deuxième, lui donnant un mandat clair, en pleine connaissance de cause et avec votre consentement, pour continuer à tuer les nôtres en Irak et en Afghanistan.

Puis vous clamez que vous êtes innocents ! Cette innocence de votre part est semblable à mon innocence pour le sang de vos fils le 11 septembre, si je revendiquais une telle chose. Mais il m’est impossible d’être indulgent avec aucun d’entre vous pour l’arrogance et l’indifférence que vous montrez pour la vie humaine en dehors des USA, ou d’être indulgent pour les mensonges de vos dirigeants (…)

Cette guerre était complètement non nécessaire, comme l’établissent vos propres enquêtes. Dans votre camp, parmi les plus compétents qui s’adressent à vous sur le sujet et sur la manipulation de l’opinion, se trouve Noam Chomsky. Il a donné des conseils raisonnables avant la guerre. Mais le dirigeant du Texas n’aime pas recevoir de conseils. Le monde entier s’est exprimé par des manifestations sans précédent pour mettre en garde contre le déclenchement de la guerre, et a décri sa vraie nature en des termes éloquents comme « ne pas verser le sang rouge pour de l’or noir, »mais il n’a pas écouté. Il est temps pour l’humanité de comprendre que les discours sur les droits de l’homme et la liberté sont des mensonges écrits à la Maison Blanche et ses alliés en Europe pour tromper les hommes, prendre le contrôle de leurs destinées et les soumettre.

Alors, en réponse à la question sur les raisons de l’ échec des Démocrates à stopper la guerre, je déclare : ce sont les même raisons qui ont conduit à l’échec du président Kennedy pour arrêter la guerre du Vietnam. Ceux qui ont le véritable pouvoir et l’influence sont ceux qui détiennent le plus de capital. Dans la mesure où le système démocratique autorise les grandes entreprises à soutenir les candidats, que ce soit au Congrès ou à la présidence, il ne devrait y avoir aucune raison de s’étonner – et il n’y en a aucune – sur l’échec des Démocrates à arrêter la guerre. Vous êtes ceux qui ont pour dicton « l’argent a la parole. » Je vous le dis, après l’échec de vos représentants du parti Démocrate de mettre en œuvre votre souhait d’arrêter la guerre, vous pouvez continuer à brandir des pancartes contre la guerre et à vous répandre dans les rues des grandes villes, puis à rentrer chez vous. Mais cela ne sera d’aucune utilité et conduira à la prolongation de cette guerre.

Malgré tout il existe deux solutions pour l’arrêter. La première, se trouve dans notre camp. Elle consiste à augmenter vos pertes et le combat contre vous. Il s’agit de notre devoir. Nos frères l’accomplissent et je demande à Allah de leur accorder la fermeté et la victoire. La deuxième solution est dans votre camp. Il est maintenant devenu clair pour vous, comme pour le monde, que le système démocratique est impuissant et qu’il se joue de l’intérêt des peuples et de leur vie en sacrifiant les soldats et les populations pour les intérêts des grandes entreprises.

En ceci, il devient clair pour tous que ce sont elles les véritables tyrans terroristes. En fait, la vie de toute l’humanité est en danger à cause du réchauffement climatique qui provient pour une grande part des émissions des usines des grandes entreprises. Mais malgré cela, les représentants des entreprises à la Maison Blanche insistent pour que ne soit pas observé l’accord de Kyoto, tout en sachant que les prévisions parlent de la mort et de l’exode de millions d’êtres humains en raison [du réchauffement], en particulier en Afrique. La plus grande des plaies, la plus dangereuse des menaces à la vie a lieu de façon de plus en plus rapide, alors même que le monde est dominé par le système démocratique, ce qui confirme son échec massif à protéger les humains et leurs intérêts de l’avidité et de l’avarice des grandes entreprises et de leurs représentants.

Malgré ces attaques honteuses contre les peuples, les dirigeants de l’occident, en particulier Bush, Blair, Sarkozy et Brown, continuent de parler de liberté et de droits de l’homme avec un mépris flagrant pour l’intelligence des être humains. Y a-t-il donc une forme de terrorisme plus forte, plus claire et plus dangereuse que celle-là ? C’est pourquoi je vous dis : comme vous vous êtes libérés vous-mêmes dans le passé de l’esclavage des moines, des rois et du féodalisme, vous devriez vous libérez vous-mêmes du mensonge, des fers et de la pression du système capitaliste.

Si vous l’analysiez bien, vous verriez qu’au bout du compte il s’agit d’un système plus dur, plus féroce que vos systèmes du Moyen Age. Le système capitaliste cherche à transformer le monde entier en un fief pour les grandes entreprises, sous l’étiquette de la « globalisation, » afin de protéger la démocratie.

L’Irak et l’Afghanistan et leurs tragédies ; l’écrasement de nombreuses personnes parmi vous sous le poids des intérêts des dettes, d’impôts déraisonnables et d’emprunts hypothécaires ; le réchauffement climatique et ses menaces ; la pauvreté horrible et la faim tragique en Afrique ; tout cela ne représente qu’un aspect du visage sinistre de ce système mondial.

Il est donc indispensable que vous vous libériez vous-mêmes de tout ceci et cherchiez une méthode alternative, meilleure, dans laquelle ce ne soit pas les affaires réalisées par une classe quelconque dans l’humanité qui impose ses propres lois, à son propre avantage, et aux dépens des autres classes, comme c’est le cas avec vous. Car l’essence des lois faites par l’homme c’est qu’elles servent les intérêts de ceux qui détiennent le capital et font donc les riches plus riches et les pauvres plus pauvres.

[suit une apologie de la religion islamique]

Avant de conclure, je vous dis : Le nombre des penseurs qui étudient les évènements augmentent. Sur la base de leurs études, ils ont déclaré que l’effondrement de l’empire américain approchait.

Parmi eux se trouve le penseur européen qui a anticipé la chute de l’Union Soviétique qui s’est bien sûr effondré. Il vous serait bénéfique de lire ce qu’il a écrit au sujet de qui advient après l’empire, pour ce qui concerne les Etats-Unis d’Amérique. Je veux aussi attirer votre attention sur le fait que parmi les raisons majeures de l’effondrement de l’Union Soviétique, se trouve le fait que qu’elle ait été affligée d’un dirigeant comme Brejnev, empli de fierté et d’arrogance, qui refusait de considérer les faits sur le terrain. Depuis la première année de l’invasion de l’Afghanistan, des rapports indiquaient que les russes perdaient la guerre, mais il a refusé de le reconnaître, (…) bien que ce refus non seulement ne change en rien la réalité pour les gens qui réfléchissent, mais aussi exacerbe les problèmes et accroît les pertes. Combien est-elle semblable, votre position aujourd’hui, relativement à la leur voila a peu près deux décennies. Les erreurs de Brejnev sont répétées par Bush qui, quand on lui demande la date du retrait des soldats d’Irak, dit que ce retrait n’aura pas lieu sous son règne, mais plutôt sous celui de son successeur. (…)

Pour conclure je vous invite à rejoindre l’Islam, car la plus grande erreur que l’on peut faire dans ce monde, celle que l’on ne peut corriger, c’est de mourir sans s’être rendu à Allah, le plus Grand (…)

Publié 28 février 2008 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Ivan Illich (1926-2002)   Leave a comment

 

Révolutionnaire d’ultra gauche. Fils d’une mère juive séfarade et d’un père catholique croate, Ivan Illich est un prêtre catholique particulièrement brillant qui défroque pour se consacrer à la révolution anti-capitaliste.

Un prophète oublié
La mort d’Ivan Illich, penseur rebelle
Autre point de vue

Ivan Illich est un contestataire qui affirme être au service de la liberté, et de la responsabilité humaines menacées par la société industrielle. Il entend critiquer cette société sous ses divers aspects, ainsi s’en est~il pris notamment au système éducatif puis au système médical.

Les nouveaux systèmes éducatifs qui sont sur le point d’évincer les systèmes scolaires traditionnels, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, lui paraissent être "des outils de conditionnement puissants et efficaces ~ qui produiront en série une main d’œuvre spécialisée, des consommateurs dociles, des usagers résignés" (La convivialité p.10).
Ivan Illich pense que notre société industrielle est une société de surproduction et que la surproduction, dans le domaine médical comme dans le domaine scolaire, conduit à la destruction des valeurs fondamentales.

Dans la société industrielle ce n’est plus l’homme qui travaille, façonne, par l’outil, c’est l’outil qui travaille l’homme :
"Le monopole du mode industriel de production fait des hommes la matière première que travaille l’outil" (La convivialité p.11 ).

Notre société est morbide, car elle décourage, réprime et détruit l’autonomie des individus et elle est "génératrice de maux iatrogènes" (dont la, médecine est la cause) car après avoir multiplié nos inadaptations en nous interdisant toute prise directe sur notre environnement, elle charge des spécialistes de nous expliquer que nos inadaptations sont des anomalies dues à une "défaillance de notre organisme" et que nous avons besoin d’être soignés, traités, réadaptés, "médicalisés" :
"Les hommes cesseraient de supporter cette société si le diagnostic médical n’était là pour expliquer que ce n’est pas leur environnement qui est insupportable mais leur organisme qui est défaillant" (Némésis médicale).

Pour Ivan Illich l’homme est un mamifère nature1lement fragile qui est condamné "à se produire lui-même "dans une lutte constante avec la nature. Pour ce faire il doit être soutenu par une culture et celle-ci : "… n’est pas autre chose que le programme de vie qui confère aux membres d’un groupe la capacité de faire face à leur fragilité et d’affronter, toujours dans le provisoire, un environnccent de choses et de mots plus ou moins stable" (Némésis médicale).
Plus une culture "renforce la vitalité de chaque individu et plus elle mérite d’être appelée "saine" car la santé n’est rien d’autre que "la capacité d’affronter et de façonner le monde environnant de façon autonome".

Pour Ivan Illich il ne s’agit pas de "retour à la nature" ou de condamner la technologie mais de mettre la technologie au service de l’homme et non l’homme au service de la technologie. Il ne s’agit pas de supprimer les "grands outils" (les grandes institutions industrielles et marchandes, les services publics, les ordres professionnels…) mais d’abolir leur "monopole radical".
Au lieu de nous transformer en usagers programmés et captifs, en consommateurs passifs et dépendants, l’industrie pourrait nous fournir les moyens de renforcer notre autonomie. C’est une question d’orientation de la production et de la recherche, d’organisation des rapports intersociaux, de déspécialisation et déprofessionnalisation des activités et de l’accès aux savoirs, d’équilibre et redistribution des pouvoirs :
"Si nous voulons élargir notre angle de vision aux dimensions du réel, il nous faut reconnaître qu’il existe non pas une façon d’utiliser les découvertes scientifiques, mais au moins deux, qui sont antonomiques. Il y a un usage de la découverte qui conduit à la spécialisation des tâches, à l’institutionnalisation des valeurs, à la centralisation du pouvoir. L’homme devient l’accessoire de la méga-machine, un rouage de la bureaucratie. Mais il existe une seconde façon de faire fructifier l’invention, qui accroît le pouvoir et le savoir de chacun, lui permet d’exercer sa créativité, à seule charge de ne pas empiéter sur ce même pouvoir, chez autrui" (La convivialité p.12).

La société doit être une société conviviale et peut être une société conviviale : "J’appelle société conviviale, une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme controle l’outil" (La convivialité p.13).
"L’outil est convivial dans la mesure où chacun peut l’utiliser sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire, à des fins qu’il détermine lui-même. L’usage que chacun en fait n’empiète pas sur la liberté d’autrui d’en faire autant. Personne n’a besoin d’un dip1ôme pour avoir le droit de s’en servir ; on peut le prendre ou non… Entre l’homme et le monde, il est conducteur de sens, traducteur d’intentionnalite" (La convivialite p.45).

La convivialité peut résulter de l’appropriation collective des grands outils lorsque cette appropriation signifie; "que la communauté s’engage a utiliser les outils à promouvoir des rappors sociaux conviviaux" mais l’appropriation collective peut également "conduire à une subordination encore plus efficace et disciplinée des hommes aux outils" ce qui serait le cas dans les systèmes "socialistes" bureaucratiques, actuellement en fonctionnement, qui présenteraient avec les systèmes capitalistes plus de ressemblances que de différences.

L’instauration de la société conviviale nécessitera une inversion politique qui passera par une démythologisation de la science, une redécouverte du langage, le recouvrement du droit :le droit est actuellement au service de la croissance économique, ce qui serait une perversion, il faut le mettre au service de l’inversion de la société.
Cette inversion c’est fondamentalement l’arrêt de la croissance, croissance qui, selon Illich, conduit à l’ apocalyse prédite par les écologistes.
Face cette menace, la survie humaine pourrait être gérée par l’installation d’un fascisme techno-bureaucratique : "qui contrôlerait l’économique et le psychisme de l’homme, dans le cadre d’une "grande organisation"."

Ivan Illich espère la faillite de cette solution et préconise de limiter la croissance.
Il y a une autre possibilité : un processus politique qui permette à la population de déterminer le maximum que chacun peut exiger, dans un monde aux ressources manifestement limitées ; un processus d’agrément portant sur la fixation et le maintien de limites à la croissance de l’outillage ; un processus d’encouragement de la recherche radicale de sorte qu’un nombre croissant de gens puisse faire toujours plus avec toujours moins" (La convivialité p.145).
Denis Touret, Sociologie et philosophie du droit, Les cours de droit, Paris, 1976, p. 258-261

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UN PROPHETE OUBLIE

Combien, parmi ces enseignants qui dimanche battaient le pavé parisien, ont eu une pensée pour Ivan lllich ? Combien savaient qu’il était mort, le lundi précédent, à Brême, en Allemagne, âgé de 76 ans, emporté par le cancer, cette tumeur au cerveau qu’il traînait depuis plus de quinze ans et que, fidèle à sa convic tion que l’homme doit prendre lui-même en charge sa maladie au lieu de la confier aux médecins, il avait toujours refusé de faire opérer ? Combien même avaient-ils jamais entendu parler d’lllich et de cette défiance qu’il portait, autant qu’à la médecine, à l’école (son premier livre, Une Société sans école, paru en France en 1971, connut un énorme succès) ? Combien savaient qu’il fut, dans les années 1970, un des penseurs contempo- rains les plus célébrés (les plus controversés aussi), un des maîtres à penser de toute une génération ?

Sans doute un œrtain nombre de ces manifestants, les plus chenus. Ceux dont les tempes grisonnent et la retraite approche. Ceux dont la jeunesse a vibré dans le grand chambardement de Mai 68. Ceux qui sont le plus attachés à cette pédagogie qui « met l’enfant au centre de l’école » et qu’on remet en cause aujourd’hui sous un ministre qui s’est rendu célèbre en dénonçant « la pensée 68 » et pour qui Illich est un songe-creux. Pour les autres, ils ont toutes les excuses du monde : cela faisait bien vingt ans qu’on n’avait plus entendu parler du « Socrate de Cuernavaca ». Et il est vrai aussi que le « pédagogisme » de masse a montré ses limites.
N’est pas Socrate qui veut.
Mort d’un prophète oublié…

PRETRE REBELLE

Et pourtant, quelle vie, quel parcours ! Et quelle influence sur son époque, si l’on veut bien considérer qu’une bonne partie des contestataires de l’ordre établi, de cette jeunesse en pétard qui se rassemble, de Porto Alegre à Florence contre la mondialisation libérale, est peu ou prou la descendance du bonhomme. Qu’elle le sache ou non.

Ivan lliich était né à Vienne, en 1926. Son père était croate et catholique, sa mère juive séfarade. Un vrai métèque. Le nazisme l’exile à Florence, puis il étudie à Rome, à l’université grégorienne du Vatican. il se destine à la prêtrise. Brillant sujet, bosseur impénitent, curieux de tout, boulimique de savoirs, polyglotte, diplômé de théologie, prêtre fervent : un destin tout tracé de prince de l’Eglise ; dans les hautes sphères, on le destine à la diplomatie. On en fera un nonce, un évêque, un cardinal un jour sans doute. Un pape, qui sait? Rien de tout ça ! lllich choisit la vie d’un simple curé de paroisse, à New York, où il découvre le désarroi de ses ouailles des bidonvilles portoricains, déracinées, sans repères, plongées dans le grand chaudron de Manhattan. C’est le rommencement de sa vraie vocation de pédagogue, de passeur, qui le conduit ensuite à Porto Rico, puis à ce Centre interculturel de Cuernavaca, au Mexique, qui deviendra, dans les années 1960, un haut lieu de rencontres et d’échanges entre jeunes intellectuels d’Amérique latine et d’Europe, prêtres et laïcs, sorte d’université permanente sans hiérarchie ni diplômes, véritable bouillon de culture où se concocte pour une part cette « théologie de la libération» si suspecte aux yeux de la curie romaine… Le brillant sujet a dévié de sa belle route toute droite, jugent les monsignore. On ose critiquer l’action apostolique de la puissante église yankee dans son arrière-cour latino : néo-colonialisme,juge-t-il. On est en 1967, quand tout commence à bouger. Quand les prêtres de la base, partout dans le sous-continent, se mettent à secouer leur hiérarchie au nom de l’Évangile et mettent en avant « l’option préférentielle des pauvres » ; quand Don Helder Camara fait vibrer le Brésil, que camillo Torrès prend le fusil, que les jeunes bourgeois chrétiens de Montevideo se découvrent Tupamaros, que les curés nicas rejoignent les maquis de la guérilla sandiniste… La contamination communiste menace l’église sud-américaine, du moins Rome en juge ainsi. lllich, non-violent, s’en tient à sa démarche, la recherche d’une "voie non-marxiste de rupture avec la domination capitaliste, poursuit son rêve socratique d’une révolution des cœurs et des esprits.

C’est encore trop pour le Vatican. Sommé de choisir, le prêtre rebelle défroque pour conserver sa liberté de penser et d’agir. Croyant toujours, mais pour toujours hors des clous. . .

LA SOCIETE CONVIVIALE

Une œuvre considérable, pas tant par la taille (guère plus de cinq ou six bouquins en vingt ans) que par la fulgurance de sa pensée utopique, la radicalité de son contenu, le retentissement mondial qu’elle connut dans cette décennie 1970, qui fut celle de toutes les remises en cause.

Après celle de l’école (système d’exclusion), celle du pouvoir médical (qui dépossède l’individu de la responsabilité de sa santé) et, plus généralement, la critique globale de la société industrielle, marchande, technologique, de consommation. Du Spectacle, comme disait Debord à peu près au même moment. Avec lui et quelques autres (notamment André Gorz, qui contribua à le faire connaître en France, ou encore René Dumont, ou Jacques Ellul, dont il fut proche ; plus près de nous, un Caillé, l’héritier de Marcel Mauss, un Lipietz), lllich contribua à fonder les bases théoriques de l’écologie politique, d’une politique alternative à cette double impasse productiviste du capitalisme libéral et du socialisme classique. Son maître-livre, la Convivialité (1, Le seuil, 1973), est une critique sans concession de« l’organisation de l’économie tout entière en vue du mieux-être [qui] est l’obstacle majeur au bien-être », de l’asservissement de l’homme à l’outil ("l’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler ; non d’un outillage qui travaille à sa place »), de la «surcroissance [qui] menace le droit de l’homme à s’enraciner dans l’environnement avec lequel il a évolué» et un cri d’alarme. Illich nous dit que notre civilisation (ce que nous appelons ainsi, quelle dérision !) est en passe de franchir un seuil au-delà duquel nous entrons dans un processus de crise fatal: « Passé un certain seuil, l’outil, de serviteur devient despote. Passé un certain seuil, la société devient une école, un hôpital, une prison. Alors commence le grand enfermement. Il importe de repérer précisément où se trouve, pour chaque composante de l’équilibre global, ce seuil critique. Alors il sera possible d’articuler de façon nouvelle la triade millénaire de l’homme, de l’outil et de la société. J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spédalistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil. » Où l’on voit que le philosophe de Cuernavaca, à la différence d’un Debord qui cultiva jusqu’au suicide son pessimisme noir, ne désespérait nullement de la nature humaine.

Reste que si le terme « convivial » est passé dans le langage courant, qu’on l’utilise à toutes les sauces publicitaires et propagandistes, on s’est bien gardé d’en conserver le sens. On est même toujours allé à contresens.

CITOYEN DU MONDE

lllich nié, oublié, effacé ? À première vue, oui. Les années 1980, 1990 ont signé la négation des utopies chaleureuses, le triomphe de la société marchande et technocratique, la victoire de l’outil sur l’homme.

Et le pire, c’est que cette régression s’est accomplie (en France) en grande partie sous l’égide d’une gauche qui n’a toujours rien compris. Ce pourquoi on ne peut pardonner au socialisme meiierrandien sa conversion honteuse au spectacle. Et pourtant, on l’a dit, cet effacement d’lllich (il aura fallu sa mort pour qu’on reparle de lui, y compris ici) n’a pas empêché la diffusion de ses idées dans une fraction croissante de la jeunesse du monde, qu’effare et révolte le désordre établi. lllich, le père de l’antimondialisation ? Voyez comme le terme est inapproprié pour ce citoyen du monde, ce métèque polyglotte, ce Cadet Roussel de la pensée toujours ; entre ses trois maisons (Cuernavaca, l’université de Pennsylvanie, celle de Brême), et accessoirement, de symposium en conférence, dans bien d’autres lieux encore ! Hervé Kempf rappelle, dans son article du Monde (2), qu’on l’avait récemment revu à Paris lors d’un colloque intitulé « Défaire le développement, refaire le monde ». A la tribune, à ses côtés, José Bové, ce gibier de potence : ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que le porte-parole de la Confédération paysanne fut, en sa jeunesse étudiante bordelaise, l’élève attentif et admiratif de Jacques Ellul (Mamère aussi du reste).

Malgré la pensée unique, cheminement souterrain de la pensée rebelle, transmission des héritages spirituels, vie foisonnante des réseaux et des militances…
Le bloc-notes de Bernard Langlois, Politis, jeudi 12 décembre 2002, p. 28-29

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La mort d’Ivan Illich, penseur rebelle par Hervé Kempf

L’intellectuel autrichien est mort lundi 2 décembre à Brême, en Allemagne, à l’âge de 76 ans. Prêtre "en congé" de l’Eglise, il avait, dans les années 1970, proposé une critique radicale et globale de la société industrielle, de l’école et de la médecine. Ivan Illich aura été, jusqu’au bout de sa vie, un intellectuel rebelle et cohérent : souffrant depuis une dizaine d’années d’une tumeur au cerveau, il avait choisi de ne pas suivre les thérapies usuelles, acceptant de vivre avec une énorme protubérance sur sa joue droite, qui sidérait ses interlocuteurs, avant qu’ils ne retrouvent la lueur de son regard et la vélocité de son esprit.

Provocateur, lucide, implacable critique de la société industrielle, Ivan Illich a été, au tournant des années 1970, le porte-parole entendu et brillant d’une critique non marxiste des institutions qui fondent l’économie contemporaine : l’école, la santé, le développement, la consommation énergétique ont été les cibles d’un discours puissant et qui a donné à l’écologie une assise théorique solide.

Mais, depuis les années 1980, l’euphorie micro-informatique, le renouveau du capitalisme et la reddition corps et biens de la gauche au libéralisme ont fait oublier ce penseur exigeant. Il est décédé lundi 2 décembre, à Brême, dans la douceur, et en pleine possession de ses moyens intellectuels.

Ivan Illich était né le 4 septembre 1926 à Vienne. Son père était croate catholique, sa mère juive séfarade. Il est expulsé en 1941 en application des lois raciales nazies. Il va alors étudier à Florence, puis entre à l’Université grégorienne du Vatican, à Rome, pour devenir prêtre. Polyglotte, il est un dévoreur de connaissances et d’idées. Il est influencé par le philosophe Jacques Maritain, obtient sa licence de théologie en 1951.

Le Vatican destinerait ce jeune prêtre brillant à sa diplomatie, mais il préfère aller à New York où on lui confie la paroisse d’Incarnation Church, à Manhattan, où il va travailler de 1952 à 1956. C’est une paroisse irlandaise, progressivement transformée par l’arrivée massive d’immigrants portoricains. Illich y découvre le problème de l’acculturation et déploie des talents remarquables de pédagogue et de passeur entre les cultures américaine et hispanique. Le succès est tel que ses supérieurs l’envoient en 1956 à l’Université catholique de Porto Rico, où il élargit son travail d’enseignement interculturel. En 1960, il s’oppose à son évêque, qui appelle à ne pas voter pour un candidat gouverneur qui prônait le contrôle des naissances, et doit quitter Porto Rico.

Il parcourt à pied l’Amérique latine et va – selon certains – méditer au Sahara. Il rejoint en 1961 le Cidoc (Centre interculturel de documentation) à Cuernavaca, au Mexique. Il va en faire un carrefour extraordinaire de discussion pour intellectuels et étudiants d’Amérique latine, ou de jeunes Occidentaux, souvent religieux. Cette université sans hiérarchie et sans diplômes est aussi un terrain d’expérimentation de ses idées. Il finit par entrer en conflit avec l’Eglise, en critiquant l’aide apostolique des Etats-Unis à l’Amérique latine, qu’il qualifie de "plante coloniale", dans un article publié en janvier 1967 à New York (repris dans Esprit en mai 1967). Il entérine la rupture début 1969, en renonçant à l’exercice et au titre de prêtre, mais sans renier sa foi.

Indépendant de l’institution, il va se libérer en donnant en quelques années son œuvre bouillonnante et sulfureuse, qui tombe à pic dans un après-Mai 68 encore baigné d’utopie : Une société sans école, publié en France en 1971, est un succès immédiat, tandis qu’Esprit (avec Jean-Luc Domenach) et le Nouvel Observateur (avec Michel Bosquet, alias André Gorz) s’attachent à populariser ses idées. Il y explique que l’école joue comme un système d’exclusion, rejetant ceux qui n’ont pas obtenu de diplôme, tout en monopolisant ce qui est jugé digne du nom de "savoir" et rejetant les autres formes de connaissance humaine.

En 1973, Energie et équité,reprise d’articles donnés au Monde,sape l’analyse courante de la crise de l’énergie – perçue généralement comme un problème de ressources rares – en montrant qu’elle renvoie à la consommation, donc aux usages, par le développement débridé des transports. Il y établit une équivalence originale entre temps gagné – par la rapidité – et temps perdu – à travailler pour acquérir les moyens d’aller vite. La même année voit paraître La Convivialité,critique plus générale du système technique, dans la foulée d’un Jacques Ellul dont il a découvert l’œuvre en 1965.

La Convivialité est un texte qui garde une étonnante jeunesse. Illich y analyse la transformation de l’outil en un appareil asservissant. Il ne critique pas la technologie, mais le monopole qui lui est conféré et qui nuit à la liberté de chacun de répondre à ses propres besoins. Illich décrit la logique qui conduit la société à poursuivre une croissance ininterrompue, acculturant les groupes et les individus, sans répondre à la pauvreté qui, au contraire, s’y développe."L’organisation de l’économie tout entière en vue du mieux-être est l’obstacle majeur au bien-être", résume-t-il.

Dans la seconde moitié des années 1970, Illich poursuit son travail en sapant l’institution médicale (avec La Némésis médicale), les illusions du travail (Le Travail fantôme), le concept d’environnement (H2O). Mais l’optimisme des années 1960 a disparu, et l’on oublie Illich, du moins en France. Il travaille au Mexique, et, depuis 1990, enseigne tous les automnes à l’université de Brême, en Allemagne. Dans le miroir du passé, en 1994 (Descartes et Cie), donne l’image de ses nouvelles réflexions sur l’engagement ou le langage. Mais il saisit mal les phénomènes des années 1990 que sont Internet et la biotechnologie.

Si les intellectuels patentés l’ont oublié, les préoccupations de Illich continuent d’irriguer un réseau actif de critiques du développement, dont a témoigné un colloque important à l’Unesco en mars dernier sous le titre "Défaire le développement, refaire le monde". Illich y était – à côté de José Bové. Ses idées ne sont pas mortes le 2 décembre, elles sont au contraire bien vivantes.
Hervé Kempf, LE MONDE | 04.12.02 | 12h58, MIS A JOUR LE 06.12.02 | 16h48

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Eléments bibliographiques
La Convivialité, Seuil, 1973.
Nemésis médicale, Seuil, 1975.
Dans le miroir du passé, Descartes et Cie, 1994.
Un inédit, La Perte des sens, et les œuvres complètes en deux volumes, à paraître chez Fayard en 2003.

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VERBATIM

Nous publions quelques fragments de la pensée d’Ivan Illich, extraits de La Convivialité, Le Seuil (collection "Points").

La liberté

Passé un certain seuil, l’outil, de serviteur, devient despote. Passé un certain seuil, la société devient une école, un hôpital, une prison. Alors commence le grand enfermement. Il importe de repérer précisément où se trouve, pour chaque composante de l’équilibre global, ce seuil critique. Alors il sera possible d’articuler de façon nouvelle la triade millénaire de l’homme, de l’outil et de la société. J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil.

L’école

La redéfinition des processus d’acquisition du savoir en termes de scolarisation n’a pas seulement justifié l’école en lui donnant l’apparence de la nécessité ; elle a aussi créé une nouvelle sorte de pauvres, les non-scolarisés, et une nouvelle sorte de ségrégation sociale, la discrimination de ceux qui manquent d’éducation par ceux qui sont fiers d’en avoir reçu. L’individu scolarisé sait exactement à quel niveau de la pyramide hiérarchique du savoir il s’en est tenu, et il connaît avec précision sa distance au pinacle. Une fois qu’il a accepté de se laisser définir d’après son degré de savoir par une administration, il accepte sans broncher par la suite que des bureaucrates déterminent son besoin de santé, que des technocrates définissent son manque de mobilité. Ainsi façonné à la mentalité du consommateur-usager, il ne peut plus voir la perversion des moyens en fins inhérente à la structure même de la production industrielle du nécessaire comme du luxe.

La technologie

La solution de la crise exige une radicale volte-face : ce n’est qu’en renversant la structure profonde qui règle le rapport de l’homme à l’outil que nous pourrons nous donner des outils justes. L’outil juste répond à trois exigences : il est générateur d’efficience sans dégrader l’autonomie personnelle, il ne suscite ni esclaves ni maîtres, il élargit le rayon d’action personnel. L’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler, non d’un outillage qui travaille à sa place. Il a besoin d’une technologie qui tire le meilleur parti de l’énergie et de l’imagination personnelles, non d’une technologie qui l’asservisse et le programme.

La crise

Je distinguerai cinq menaces portées à la population de la planète par le développement industriel avancé :
1. La surcroissance menace le droit de l’homme à s’enraciner dans l’environnement avec lequel il a évolué.
2. L’industrialisation menace le droit de l’homme à l’autonomie dans l’action.
3. La surprogrammation de l’homme en vue de son nouvel environnement menace sa créativité.
4. La complexification des processus de production menace son droit à la parole, c’est-à-dire à la politique.
5. Le renforcement des mécanismes d’usure menace le droit de l’homme à sa tradition, son recours au précédent à travers le langage, le mythe et le rituel.

ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 05.12.02,

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Ivan Illich où la bonne nouvelle, par Jean-Pierre Dupuy

Vorace consommateur d’énergie et de ressources rares non renouvelables, notre mode de vie est à terme irrémédiablement condamné. On imagine mal qu’il puisse durer encore plus d’un demi-siècle. Beaucoup d’entre nous ne serons plus de ce monde, mais nos enfants, si. Si nous nous soucions d’eux, il serait plus que temps que nous prenions conscience de ce qui les attend. Deux raisons principales justifient ce pronostic.

L’exploitation à bas coût des ressources fossiles touche à sa fin. Chaque année qui passe nous rapproche du terme, d’autant plus que les besoins énergétiques à l’échelle de la planète croissent très vite. Or les régions du monde où les ressources sont concentrées sont parmi les plus chaudes de la planète, du point de vue géopolitique.

La seconde raison est certainement la plus grave. Pas une semaine ne passe sans qu’un nouveau symptôme du réchauffement climatique ne confirme cela sur quoi maintenant tous les experts s’accordent : ce réchauffement existe bel et bien, il est essentiellement dû à l’activité des hommes et ses effets seront beaucoup plus sérieux que ce que l’on imaginait il y a peu encore.

Tandis que les glaciers andins disparaissent à une vitesse record, la désertification du pourtour de la Méditerranée s’étend, et l’eau devient un bien de plus en plus rare.

Les experts savent que les objectifs du protocole de Kyoto, foulés aux pieds par la puissance américaine, sont dérisoires par rapport à ce qu’il faudrait viser pour mettre un terme à l’augmentation de la concentration du gaz carbonique dans l’atmosphère : diviser par deux les émissions à l’échelle de la planète. La condition sine qua non pour y arriver est d’empêcher les pays en voie de développement de suivre le modèle de croissance qui est le nôtre. Si nous, les pays industrialisés, n’y renonçons pas nous-mêmes, notre message n’a pas la moindre chance d’être entendu.

L’optimisme scientiste nous invite à prendre patience. Bientôt, nous souffle-t-il, les ingénieurs sauront trouver le moyen de passer les obstacles qui nous barrent la route. Rien n’est moins sûr. Les spécialistes du nucléaire pensent qu’ils ont des réponses à la question lancinante des déchets, mais ils savent aussi que le public sera de plus en plus réticent à les accepter. Ils ne peuvent garantir ni la sûreté des centrales ni celle de la chaîne de transport face aux menaces terroristes. A l’échelle planétaire, l’énergie nucléaire ne trouvera de toute façon pas assez de combustible pour se déployer plus que marginalement, sauf à recourir aux surgénérateurs ou à une aléatoire extraction de l’uranium marin.

Quant aux énergies renouvelables, biomasse, éoliennes et autres, c’est pour des raisons techniques, de dispersion entre autres, qu’elles seront cruellement insuffisantes. Le recours massif au charbon fossile, dont les ressources planétaires sont considérables, sera une tentation à laquelle il faudra énergiquement résister, sous peine d’aggraver encore plus le réchauffement climatique. On frémit d’effroi lorsqu’on apprend qu’aucun scénario dressé par les organismes spécialisés ne comporte de solution réaliste pour passer le cap des années 2040-2050.

Nous sommes au pied du mur. Nous devons dire ce qui compte le plus pour nous : notre exigence éthique d’égalité, qui débouche sur des principes d’universalisation, ou bien notre mode de développement. Ou bien la partie privilégiée de la planète s’isole, ce qui voudra dire de plus en plus qu’elle se protège par des boucliers de toutes sortes contre des agressions que le ressentiment des laissés-pour-compte concevra chaque fois plus cruelles et plus abominables ; ou bien s’invente un autre mode de rapport au monde, à la nature, aux choses et aux êtres, qui aura la propriété de pouvoir être universalisé à l’échelle de l’humanité.

Il y a cependant une bonne nouvelle. La mort sereine d’Ivan Illich, il y a quelques jours, nous rappelle que nous l’avons déjà reçue, mais que nous ne l’avons pas entendue. C’était dans les années 1970, l’époque où ce critique radical de la société industrielle eut le plus d’influence. La bonne nouvelle est que ce n’est pas d’abord pour éviter les effets secondaires négatifs d’une chose qui serait bonne en soi qu’il nous faut renoncer à notre mode de vie – comme si nous avions à arbitrer entre le plaisir d’un mets exquis et les risques afférents. Non, c’est que le mets est intrinsèquement mauvais, et que nous serions bien plus heureux à nous détourner de lui. Vivre autrement pour vivre mieux.

Comment peut-on dire que le mets est mauvais, puisque tous les peuples de la Terre veulent y goûter ? Il faut, pour le montrer, tout un travail pédagogique que je ne peux qu’esquisser ici.

L’arme principale de la critique illichienne est le concept de "contre-productivité" . Passés certains seuils critiques de développement, plus croissent les grandes institutions de nos sociétés industrielles, plus elles deviennent un obstacle à la réalisation des objectifs mêmes qu’elles sont censées servir : la médecine corrompt la santé, l’école bêtifie, le transport immobilise, les communications rendent sourd et muet, les flux d’information détruisent le sens, le recours à l’énergie fossile, qui réactualise le dynamisme de la vie passée, menace de détruire toute vie future et, last but not least, l’alimentation industrielle se transforme en poison. Nous y sommes.

Derrière ce qui peut apparaître comme des provocations, se cache en fait une analyse minutieuse et rigoureuse des mécanismes de la contre-productivité. Toute valeur d’usage peut être produite de deux façons, en mettant en œuvre deux modes de production : un mode autonome et un mode hétéronome. Ainsi, on peut apprendre en s’éveillant aux choses de la vie dans un milieu rempli de sens ; on peut aussi recevoir de l’éducation de la part d’un professeur payé pour cela. On peut se maintenir en bonne santé en menant une vie saine, hygiénique ; on peut aussi recevoir des soins de la part d’un thérapeute professionnel. On peut avoir un rapport à l’espace que l’on habite, fondé sur des déplacements à faible vitesse : marche, bicyclette ; on peut aussi avoir un rapport instrumental à l’espace, le but étant de le franchir, de l’annuler, le plus rapidement possible, transporté par des engins à moteur. On peut rendre service à quelqu’un qui vous demande de l’aide ; on peut lui répondre : il y a des services pour cela.

Contrairement à ce que produit le mode hétéronome de production, ce que produit le mode autonome ne peut en général être mesuré, évalué, comparé, additionné à d’autres valeurs. Il ne s’agit certes pas de dire que le mode hétéronome est un mal en soi, loin de là. Mais la grande question qu’Illich eut le mérite de poser est celle de l’articulation entre les deux modes. La production hétéronome peut certes vivifier intensément les capacités autonomes de production de valeurs d’usage. Simplement, l’hétéronomie n’est ici qu’un détour de production au service d’une fin qu’il ne faut pas perdre de vue : l’autonomie.

L’hypothèse d’Illich est que la "synergie positive" entre les deux modes n’est possible que dans certaines conditions très précises. Passés certains seuils critiques de développement, la production hétéronome engendre une telle réorganisation du milieu physique, institutionnel et symbolique que les capacités autonomes sont paralysées. Se met alors en place le cercle vicieux divergent de la contre-productivité. L’appauvrissement des liens qui unissent l’homme à lui-même, aux autres et au monde devient un puissant générateur de demande de substituts hétéronomes qui permettent de survivre dans un monde de plus en plus aliénant, tout en renforçant les conditions qui les rendent nécessaires. Cette analyse démontre lumineusement pourquoi nous sommes tant attachés à cela même qui nous détruit.

Ivan Illich est mort mais ses idées sont promises à un bel avenir.

Publié 3 janvier 2008 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Ibn Khaldun (1332-1406)(732-808)   Leave a comment

 

Historien et sociologue d’origine yéménite ayant, avant Machiavel, donner de l’histoire humaine une relation réaliste. A la fois homme d’action et théoricien (La vie et l’oeuvre § 1.) il construit l’histoire comme science (La science historique d’Ibn Khaldun § 2.).

§ 1 – La vie et l’oeuvre

Abd al-Rahman ben Muhammad Ibn Haldun est né à Tunis, en 1332, dans une famille de la grande bourgeoisie andalouse, d’origine yéménite.
Il fait ses études à Tunis.
De 1350 à 1372 il est homme d’Etat, de cour et d’action politique, avec des fortunes diverses (deux ans de prison).

En 1372 il se retire dans la forteresse d’Ibn Salama en Oranie où il écrit son ouvrage fondamental :
Muqaddima (1377), Discours sur l’histoire universelle, trad. fr. de Vincent Monteil, 3 vol. Beyrouth 1967-1969.
Cet ouvrage est une introduction à un ouvrage sur l’histoire universelle, le Kitab al-‘Ibar (1375-1379).

Après cette retraite studieuse Ibn Khaldun enseigne à Tunis mais se heurte aux conservateurs et quitte définitivement la Tunisie pour l’Egypte en 1382.
Il enseigne au Caire le droit et est magistrat.

En 1401 il négocie avec le Mongol Tamerlan le sort de Damas et meurt un an après ce dernier en 1406.

Selon certains auteurs Ibn Khaldun serait le fondateur de la sociologie.
Il est certain qu’il a de l’histoire une vision nouvelle au XIVème siècle et qu’on peut le considérer comme étant, avec Machiavel, l’un des précurseurs de la sociologie moderne.

§ 2 – La science historique d’Ibn Khaldun

Selon cet auteur le réel est la source unique de ce qui est intelligible et en conséquence l’histoire scientifique a pour objet de saisir les rapports de causalité qui régissent ce réel.

L’on peut dire que le réel historique c’est la soif du pouvoir qui conduit les hommes de la société nomade à l’Etat, la base du pouvoir politique étant économique (A/) et la religion étant l’élément qui permet la cohésion sociale (B/).

A – De l’économique au politique

L’activité fondamentale de l’homme est l’activité de production.
L’activité de production des hommes se déroule dans un cadre géographique qui exerce son influence en conditionnant la vie des groupes sociaux.
Il résulte de l’action des groupes sociaux dans un cadre géographique déterminé un certain mode de vie. Les différences entre les groupes sociaux dépendent essentiellement des différences qui existent entre leurs modes de vie économique.

Le mode de vie de la société nomade est basé sur la recherche de la subsistance, des moyens de survivre.
Lorsque, les circonstances aidant, vient plus que le nécessaire et même une certaine richesse, les nomades amassent des vivres, recherchent les beaux habillements, bâtissent de grandes maisons, construisent des villes.
Ainsi apparait la société des villes, la civilisation, l’Etat.

Ce travail constructif nécessite une souveraineté et une cohésion sociale.
L’homme est un animal agressif ce qui le conduit à la violence et à la domination mais ce qui le conduit également à la coopération avec ses semblables.Cette coopération dans la société nomade est basée sur les liens du sang, la Parenté, ce qui permet un esprit de corps.
La société des villes n’étant pas basée sur la parenté a besoin d’un pouvoir monarchique qui s’impose à tous, d’une souveraineté.

La souveraineté est décrite par Ibn Khaldun comme étant :
"une fonction noble et satisfaisante, permettant à son détenteur l’obtention de tous les biens et de tous les plaisirs, aussi bien corporels que spirituels ; c’est pourquoi elle fait l’objet d’une concurrence acharnée, et il est rare que quelqu’un la laisse échapper sans qu’il soit vaincu".

Cette souveraineté appartient au plus fort, à celui qui dispose d’un parti fort pour le soutenir.

Cependant l’Etat n’est pas à l’abri de la décadence car les habitants des villes se laissent volontiers aller à la paresse et les gouvernants à la corruption.
L’Etat décadent sera alors à la merci d’un chef nomade puissant qui s’emparera de la souveraineté.

Le nouvel Etat ainsi créé commencera par assurer ses bases, puis prospérera, puis entrera en décadence à son tour, et un nouveau cycle recommencera.

B – Du politique à la religion

La religion a une fonction d’ordre politique.

C’est elle qui permet l’esprit de corps donc le maintien de la souveraineté.
C’est la religion qui permet la cohésion sociale.
La religion est soumise à des déterminants de base qui sont géographiques, économiques, sociaux, historiques.

A chaque phase de l’évolution sociale correspond un comportement religieux.
Et l’esprit de corps se dénature et se dissout en même temps que s’amenuise et disparaît l’esprit religieux.

Publié 3 janvier 2008 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Joseph de Maistre (1753-1821)   Leave a comment

 

Véritable réactionnaire, ennemi acharné du libéralisme de la Révolution française de 1789, a fortiori de la révolution jacobine de Robespierre, le comte Joseph de Maistre consacre sa vie et son oeuvre (§ 1) à lutter contre les Lumières lucifériennes, pour l’unité nationale par l’ordre divin et l’expiation des péchés (§ 2).

§ 1. La vie et l’oeuvre

Le comte Joseph de Maistre est né à Chambéry en 1753. Son père était président du Sénat de Savoie, province alors dépendante du royaume de Sardaigne.
Lui-même fut magistrat puis sénateur.

En 1792, lors de l’invasion française, il quitte son pays pour se réfugier en Suisse puis à Turin, capitale du royaume.
De 1803 à 1817 il représente à Saint-Pétersbourg, comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, le roi de Sardaigne, son prince, Victor-Emmanuel 1er.

Revenu à Turin en 1817, il est nommé premier président des Cours Suprêmes. Il décède à Turin en 1821.

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Homme de cabinet, il consacre de nombreuses heures par jour à l’écriture.
Aussi ses oeuvres complètes comprennent-elles 14 volumes (Lyon 1884-1887). Il écrit notamment :
De la souveraineté (publié en 1870) ;
Considérations sur la France, 1796 ;
Essai sur le principe générateur des constitutions politiques, 1814 ;
Du Pape, 1819 ;
De l’Eglise gallicane, 1821 ;
Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821.

Textes disponibles sur internet

§ 2. Pour l’unité nationale par l’Ordre divin et l’expiation des péchés

A/ L’unité nationale

Selon le comte Joseph de Maistre, magistrat monarchiste catholique, le mal est dans l’homme, et il est incommensurable :
"Commençons par examiner le mal qui est en nous, et pâlissons en plongeant un regard courageux au fond de cet abîme ; car il est impossible de connaître le nombre de nos transgressions, et il ne l’est pas moins de savoir jusqu’à quel point tel ou tel acte coupable a blessé l’ordre général et contrarié les plans du législateur éternel" (Soirées, I,214).

Le mal c’est la division, c’est l’unité brisée, unité qui est voulue par Dieu. Or pour remédier au mal et à la division, l’on ne peut compter sur l’homme lui-même, qui est mauvais, entaché du péché originel.
Il n’y a que deux moyens de salut, un moyen préventif, l’autorité, et un moyen curatif, l’expiation.

L’autorité est la condition du maintien de l’unité. Il faut que la société religieuse et la société civile soient soumnises à l’ordre voulu par la providence divine.
Le moyen dans la société religieuse est 1’infaillibilité pontificale et dans la société civile la souveraineté.

C’est Dieu qui souhaite que les hommes soient regroupés par affinités naturelles en sociétés hiérarchisées, en nations.
Les peuples n’ont pas le choix. La souveraineté résulte directement de la nature humaine mais c’est Dieu le créateur de cette nature. "C’est une loi du monde physique : Dieu fait les rois au pied de la lettre" (Oeuvres complètes, I.232).

Chaque nation a son caractère, et ce caractère fait son type de gouvernement. L’homme ne saurait constituer un nouveau type de gouvernement par sa libre détermination, il usurpe ainsi le gouvernement voulu par Dieu.
La Révolution française ne peut être que "satanique" puisqu’elle entend mettre l’homme à la place de Dieu.

Le oaractère national est constitué d’un ensemble de maximes religieuses et politiques qui sont devenues des "dogmes nationaux" et qui font une "raison nationale".
Le souverain a pour devoir d’en imposer le respect par les prêtres, les hauts fonctionnaires, les magistrats.
Les savants n’ont pas d’autres obligations que de subordonner leur science à cette "raison nationale" qui vient tempérer les excés de la raison individuelle.
L’homme s’agite et Dieu le mène. C’est l’action continuelle de la Providence qu’il faut avoir toujours en vue. C’est pourquoi les actes des hommes, y compris les plus criminels, sont à considérer quant à leurs effets profonds.

Les hommes sont pris dans un tourbillon social qui les dirige sans qu’ils s’en doutent, qui leur impose leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes.

B/ L’Ordre divin et l’expiation des péchés

Ainsi va la vie des Nations sous l’impulsion de Dieu, et le mal lui-même, voulu par la Providence divine, oeuvre pour, en définitive, le triomphe du bien.
Car malgré l’autorité divine et humaine, le Pape et le Souverain, l’homme continue à pécher, à faire le mal.

Il faut donc que l’être humain expie.
Il faut qu’il expie par le sang, pour que le bien triomphe, et que le repenti gagne son salut.

C’est que le sang versé par le bourreau, cet envoyé de Dieu, cet indisnensable gardien de l’intégrité nationale, ce soutien de l’ordre, est la condition nécessaire de l’unité politique.

De même le sang versé sur les champs de bataille, les mille souffrances qui assaillent 1’humanité, les massacres, les morts violentes, les maladies, en faisant disparaître par la souffrance les souillures de nos péchés et de nos crimes, sont les moyens employés par la Providence divine pour ramener les hommes à l’unité, au bien.

L’innocent lui-même, qui souffre, expie pour le coupable ; et de même que Jésus-Christ a donné sa vie innocente pour racheter les péchés du monde, la victime innocente donne son sang pour le coupable :
"Le juste souffrant volontairement. ne satisfait pas seulement pour lui-même, mais pour le coupable qui, de lui-même, ne pourrait s’acquitter" (Soirées, p. 130).

Publié 3 janvier 2008 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres

Vilfredo (de) Pareto (1848-1923)   Leave a comment

 

Pour le sociologue italien Vilfredo Pareto l’histoire nous apprend :
– que dans la vie sociale le sentiment l’emporte sur la raison,
– et que l’élite dirigeante est mortelle, qui règne par la force et la ruse tout en se renouvelant pour subsister.

C’est ce que l’on va voir en traitant de la sociologie de Pareto dans le § 2, après avoir donné quelques informations sur sa vie et son oeuvre dans le §1.

§ 1. La vie et l’oeuvre

Vilfredo Frederico Samaso marquis de Pareto est né le 15 juillet 1848 à Paris où son père, le marquis Raffaele Pareto, est exilé pour avoir participé à un complot républicain à Gênes.
Il fait ses études primaires à Paris, et son père ayant été politiquement réhabilité en 1858 ses études secondaires à Gênes et supérieures de sciences mathématiques et physiques à Turin.

En 1870 il soutient une thèse de physique et obtient un diplôme d’ingénieur. Il entre à la société des chemins de fer romains et cinq ans plus tard il est le directeur technique de la Ferriere Italiana puis d’une importante société métallurgique.

Pareto s’engage alors dans la vie politique italienne.
Libéral et pacifiste, membre fondateur de la Société Adam Smith (1723-1790), il milite activement contre la politique économique protectionniste du gouvernement italien et sa politique militariste.
Il se présente en 1880 et 1882 aux élections législatives, sans succés. Déçu par la politique politicienne il renonce en 1888 à son poste de directeur technique pour devenir consultant, ce qui lui permet de consacrer davantage de temps à l’étude de la théorie économique (théorie pure).
Il redécouvre les travaux de l’économiste Léon Walras (1834-1910) avec lequel il se lie en 1891, et qui lui propose de le remplacer à la chaire d’économie politique de l’Université de Lausanne, ce qui est fait en 1893.

Il publie son premier ouvrage en 1896 et 1897, son Cours d’économie politique.
Dès cette époque il se passionne pour les sciences sociales et enseigne la sociologie à l’Université. En 1900, après avoir hérité de son oncle une importance fortune il s’installe dans le canton de Genève, où il consacre l’essentiel de son temps à la recherche.

En 1902 et 1903 il publie Les Systèmes socialistes, ouvrage dans lequel il étudie les faiblesses du libéralisme et la force de persuasion des idées socialistes, logiquement inconsistantes, selon lui, mais passionnément convaincantes.

Son ouvrage sociologique fondamental est le monumental, 1818 pages, et indigeste, Traité de sociologie générale, publié en italien en 1916 et en français en 1917.

Pareto est profondément déprimé par la guerre civile européenne de 1914-1918 et par le comportement des démocraties, notamment en Italie où la situation après la guerre est désastreuse. C’est pourquoi il décide de soutenir le socialiste national Benitto Mussolini, et le 23 mars 1923, en récompense, il est nommé sénateur du royaume d’Italie, mais il ne peut accepter cette nomination car il a renoncé, entre temps, à la nationalité italienne pour devenir citoyen du micro-Etat libre de Fiume (actuellement Rijeka en Croatie).

§ 2. La sociologie de Pareto : l’universel et tragique éphémère de l’élite

Selon Pareto la sociologie n’a pas pour objet de donner des leçons de morale, mais de constater ce qui est : à savoir que les humains se disputent les avantages de l’existence en essayant de légitimer leur soif pour affaiblir les rivaux.
La sociologie est selon lui la science logico-expérimentale qui constate que les actions humaines ne sont pas que logiques (A), dans des sociétés hiérarchisées qui sont mortelles (B).

A/ Les actions humaines ne sont pas que logiques

C’est la sociologie, une science logico-expérimentale (I), qui, nous dit Pareto, permet de distinguer le logique du non logique (II), non logique qui est constituée par ce qu’il appelle les dérivations des résidus (III).

I. La sociologie est une science logico-expérimentale

La science logico-expérimentale, selon Pareto, a pour but de connaître la vérité et non pas d’être utile à la société, ou à telle ou telle composante de la société.
En conséquence la sociologie logico-expérimentale a pour devoir d’écarter toutes notions extra ou meta-empiriques, se situant à l’extérieur ou au-dessus de ce qui est observable empiriquement, et ne peut pas, elle-même, donner naissance à une nouvelle morale.

II. Du logique et du non-logique

Selon Pareto les actions humaines sont soit des actions logiques soit des actions non-logiques.

Il y aurait selon lui quatre genres d’actions non-logiques, les plus importantes étant les actions qui concernent la plupart des conduites rituelles ou symboliques, les actions de type religieux de nature sacrée, et les actions qui concernent les erreurs des scientifiques, les illusions des intellectuels et des politiques.
Le non logique est constitué, selon lui, par ce qu’il appelle les dérivations des résidus.

III. Les dérivations des résidus

Pour Pareto si les actions logiques sont motivées par le raisonnement, les actions non-logiques sont motivées par le sentiment.

Selon Pareto la plupart des actions humaines de nature sociale sont motivées par le sentiment, ont des motivations non-rationnelles.
La cause principale en serait la puissance des idéologies et des croyances sociales, notamment pendant l’enfance.
Ces actes non-logiques seraient donc motivés davantage par la passion que par la raison.
Ces actes seraient très fréquents en politique, avec les conséquences, notamment juridiques, qui peuvent en découler.

S’il en est ainsi c’est à cause de l’existence de ce que Pareto appelle les dérivations.
Les dérivations, répertoriées en quatre classes, sont les divers moyens verbaux, les discours, utilisés par les individus et les groupes pour justifier leurs actions en leur donnant une logique, logique qu’elles n’ont pas nécessairement, ou logique qui est différente. C’est du camouflage psychologique.

Selon Pareto c’est l’exemple classique des révolutionnaires qui luttent pour renverser un système social qu’ils déclarent oppressif, dans le but d’instaurer un nouveau système social qui, selon eux, sera un système de liberté.
Ces révolutionnaires, ayant pris le pouvoir, peuvent être entraînés par la logique des faits à instaurer un système social réellement oppressif. Ils se justifient alors de diverses manières, toutes présentées comme étant parfaitement logiques : c’est la faute des ennemis politiques, des étrangers, des minorités, de circonstances totalement imprévisibles …

Les résidus c’est ce qui reste lorsque l’on écarte le camouflage psychologique, qui est la rationalisation du non-logique.
Les résidus sont les facteurs stables du comportement. Pareto les répertorie en six classes, mais l’on peut dire, très schématiquement, qu’ils correspondent à deux comportements sociaux fondamentaux : le comportement de conservation, l’esprit d’ordre et de stabilité, la conformité, d’une part ; et le comportement d’innovation, l’esprit de création, de dévelopement ou de renouvellement, d’autre part.

Le jeu social des résidus et des dérivations forme les élites, dont on constate partout l’existence. Des élites qui connaissent la mobilité, et qui disparaissent, dans des sociétés hiérarchisées qui sont mortelles.

B/ Dans des sociétés hiérarchisées qui sont mortelles

Toute société est hiérarchisée, y compris démocratique, avec des dominants et des dominés.

Les dominants comprennent les élites (I) qui sont en constante mobilité, en circulation (II) montante et descendante, circulation descendante qui se termine au cimetière des aristocraties (III).

I. Les élites

Pareto nous dit qu’avec les dérivations et les résidus, les intérêts et la circulation des élites sont les facteurs qui font que la forme générale de toute société se caractérise par une mutuelle dépendance des éléments qui la composent, éléments qui sont situés dans un environnement variable, écologique, international et historique.

Tous ses facteurs font que chaque société est différente, et composée d’éléments différents ayant des intérêts différents.

Les intérêts sont l’ensemble des tendances, instinctives et rationnelles, qui poussent "les individus et les collectivités … à s’approprier les biens matériels utiles, ou seulement agréables à la vie, ainsi qu’à rechercher de la considération et des honneurs"(Traité § 2009).

Or toute population sociale est composée de deux couches, une couche inférieure qui comprend tous ceux qui ne réussissent que médiocrement dans la vie et une couche supérieure, l’élite, qui comprend tous ceux qui réussissent, dans quelque domaine que ce soit, et qui se divise en deux : l’élite non-gouvernementale et l’élite gouvernementale.

L’élite au sens large est définie par Pareto, en dehors de toute considération morale, en attribuant aux membres de l’élite de très bonnes notes, sur dix, de la manière suivante, par exemple : "A l’habile escroc qui trompe les gens et sait échapper aux peines du code pénal, nous attribuerons 8, 9 ou 10, suivant le nombre de dupes qu’il aura su prendre dans ses filets, et l’argent qu’il aura su leur soutirer. Au petit escroc qui dérobe un service de table à son traiteur et se fait prendre par les gendarmes, nous donnerons 1" ; ou encore " A la femme politique, …, qui a su capter les bonnes gràces d’un homme puissant, et qui joue un rôle dans le gouvernement qu’il exerce de la chose publique, nous donnerons une note telle que 8 ou 9. A la gourgandine qui ne fait que satisfaire les sens de ces hommes, et n’a aucune action sur la chose publique, nous donnerons 0."

II. La circulation des élites

La circulation des élites est la mobilité sociale qui affecte dans toute société les membres du groupe social dirigeant.

Toute société est caractérisée par la nature de son élite gouvernementale, qui s’impose comme dirigeante à la couche inférieure, soit par la force soit par la ruse, car toute élite politique est soit lionne soit renarde, et lutte pour sa vie (1°), la révolution Juste étant une illusion (2°).

1° La lutte pour la vie

Pour Pareto, qui n’est pas marxiste, la lutte des classes est bien une donnée fondamentale de l’histoire, mais ce n’est qu’une forme de la lutte pour la vie, de même que le conflit entre le travail et le capital n’est qu’une forme de la lutte des classes.

Supposons, dit Pareto, que le capitalisme soit remplacé par le collectivisme, le capital ne peut plus être en conflit avec le travail, donc une forme de la lutte des classes disparaît, mais d’autres formes apparaissent alors : des conflits surgissent entre les diverses catégories de travailleurs de l’Etat socialiste, entre intellectuels et non-intellectuels, entre citadins et paysans, au sein de l’élite gouvernementale entre les innovateurs et les conservateurs, entre les membres de l’élite gouvernementale et les membres de la couche inférieure, etc …

2° L’illusion révolutionnaire

Depuis toujours, nous dit Pareto, les révolutionnaires affirment que leur révolution sera différente des autres – celles du passé qui n’ont abouti qu’à duper le peuple.
Leur révolution sera, elle, enfin, la vraie révolution, celle qui, définitivement, apportera la Justice, et le peuple peut y croire.
Malheureusement, nous dit-il, cette "vraie" révolution, qui doit apporter aux hommes un bonheur sans mélange, n’est qu’un décevant mirage, qui jamais ne devient réalité, et les révolutions conduisent, elles-aussi, leurs aristocraties au cimetière.

III. Le cimetière des aristocraties

Selon Pareto l’histoire est fondamentalement l’histoire de la vie et de la mort des élites gouvernementales, les aristocraties, pour lui :"L’histoire est un cimetière d’aristocraties"(Traité § 2053).

L’histoire des sociétés, nous dit-il, est celle de la succession de minorités privilégiées qui se forment, qui luttent, qui arrivent au pouvoir, en profitent, et tombent en décadence, pour être remplacées par d’autres minorités.

S’il en est ainsi, nous dit-il, c’est que les élites se détruisent elles-mêmes par la guerre, ou s’amollissent dans la paix, les renards, les rusés, succèdent alors aux lions, les forts, puis finissent par succomber eux-mêmes à l’assaut des lions ennemis.

Pareto est convaincu que la décadence menace toute société qui ne pratique pas la mobilité sociale, la circulation des élites.

Selon Pareto dans toute société l’élite comprend des individus qui ne méritent pas d’en faire partie. Et la couche inférieure comprend des individus qui mériteraient de faire partie de l’élite.
Donc nous dit-il, si l’élite gouvernementale est, déjà, contrôlée par les vieux renards, ceux-ci, par crainte des jeunes lions de la couche inférieure, feront tout pour les éliminer, jusqu’au moment où, ne pouvant plus résister à la pression, c’est eux qui seront alors éliminés.
Donc nous dit-il, si l’élite gouvernementale est encore assez forte, son intérêt sera d’intégrer, par la mobilité sociale, les lions de la couche inférieure : c’est, selon Pareto, ce que fait intelligemment, depuis des siécles, l’Establishment britannique…

Publié 3 janvier 2008 par espoira2 dans LES GRANDS IDEOLOGUES et les autres